HAPPY HOUR MUSICAUX
MARDI 11 AVRIL 2023 :
CLAUDE DEBUSSY– Danse Sacrée et Danse Profane
Les Deux danses sont une commande de la maison PLEYEL et de son directeur Gustave LYON pour promouvoir la harpe chromatique, destinée à remplacer la harpe diatonique traditionnelle, monopole de la firme Erard.
L’œuvre était notamment destinée au concours de l’année 1904 du Conservatoire de Bruxelles.
Ainsi l’œuvre est créée le 6 novembre 1904 aux Concerts Colonne, sous la direction d’Edouard COLONNE, avec Lucile WURMSER-DELCOURT à la harpe chromatique.
La première audition à la harpe à pédales est donnée le 1er février 1910 salle Erard, par Henriette RENIE.
L’œuvre comprend deux mouvements : la Danse sacrée, très modéré et la Danse profane, modéré.
Le musicologue François-René Tranchefort souligne que l’œuvre, « toute teintée d’archaïsme modal, se distingue par sa rigueur raffinée, de même que par une certaine gravité ». Elle se rapproche ainsi d’autres partitions de Debussy, à l’image des Danseuses de Delphes, des Chansons de Bilitis ou de la Tarentelle styrienne.
Pour la première danse, Danse Sacrée, Debussy a emprunté le thème du portugais Francisco de Lacerda.
La Danse sacrée a l’allure d’une sarabande, et présente une forme ABA (A étant « baigné de lumière douce et voilée » et B « un peu plus animé ». A la fin, quelques notes répétées de la harpe font office de transition avec la danse suivante.
La Danse profane expose une nouvelle atmosphère proche de la valse : dans un rythme ternaire, le thème de « valse alanguie quoique un peu plus rapide » alterne avec des épisodes plus brillants « en ruissellements d’arpèges ».
A la fin de l’œuvre, harpe et cordes s’unissent dans la plénitude, tout s’achèvera dans la discrétion sur un pincement de cordes.
L’œuvre est régulièrement jouée avec un quatuor à cordes en lieu et place de l’orchestre à cordes complet.
Durée approximative : 10 minutes
ERNEST CHAUSSON – Quatuor en ut mineur, opus 35
En 1898 Chausson débuta son Quatuor à cordes qu’il souhaitait dédier au violoniste Mathieu CRICKBOOM.
Laissée inachevée du fait de la mort accidentelle du compositeur en 1899, il avait composé les deux premiers mouvements et une partie du troisième. Sa famille demanda à d’Indy d’écrire la conclusion du troisième mouvement.
L’œuvre en trois volets fut créée le 27 janvier 1900 à Paris, lors d’un concert de la Société Nationale de musique.
1. Grave
2. Très calme
3. Gaiement et pas trop vite
Le 12 juillet 1898, le compositeur avait écrit à Crickboom : « Je travaille pour toi à un quatuor à cordes. Je crois que ce n’est ni Franck, ni d’Indy, ni Debussy, mais je crains que ça ne ressorte un peu directement de Beethoven. Enfin, celui-là on est si sûr de ne pas lui ressembler vraiment qu’il n’y a pas grand mal à en ressortir un peu ! ».
Il n’est pas fortuit que Debussy soit nommé, car le thème principal de son Quatuor à cordes (1893) est introduit furtivement dans la coda du premier mouvement ;
Le mouvement lent cite tout aussi discrètement le leitmotiv du Tarnhelm de la Tétralogie de Wagner. Toutefois, le style de Chausson s’affirme sans conteste : lyrisme parfois douloureux, souplesse rythmique, densité de l’écriture contrapuntique mais aussi sans aucune lourdeur, subtilité des transformations thématiques, conférant au discours à la fois unité organique et sensation de constant renouvellement.
A la fin du troisième mouvement, dont les demi-teintes évoquent un intermezzo de Brahms, le tempo accélère à deux reprises.
Pour pallier l’absence de finale, d’Indy a composé une conclusion vigoureuse et éclatante.
Durée approximative : 20 minutes
ANDRE CAPLET – Conte Fantastique, d’après Le Masque de la Mort rouge
Ce chef-d’œuvre de Caplet fut d’abord composé en 1908 sous le titre de « Légende pour harpe et orchestre ». En 1922-23, le musicien le remanie pour harpe et quatuor à cordes, et lui donne son titre définitif.
A l’origine destinée à la harpe chromatique de Pleyel dont le succès ne dura pas, l’œuvre est finalement adaptée pour l’instrument à pédales d’Erard, à l’intention de la harpiste Micheline KAHN, qui la créée avec le quatuor POULET, salle Erard, le 18 décembre 1923.
Le Conte fantastique s’inspire de l’un des contes d’Egard Poe, Le Masque de la mort rouge (1842), publié en France dans le recueil des « Nouvelles Histoires extraordinaires » traduites par Baudelaire, où la mort s’invite lors d’un bal et frappe aux douze coups de minuit.
La mort est représentée par le jeu de la harpe dont la « table » est utilisée, à un moment, comme instrument de percussion.
Caplet déploie une remarquable imagination en termes d’instrumentation, multipliant en particulier les effets aux cordes : accords joués du talon près du chevalet, harmoniques en glissando ou en pizzicati ou archet col legno. Quant à l’écriture de la harpe, elle ne correspond plus uniquement à l’image de l’instrument des mouvements ondoyants et rêveurs.
JEUDI 15 JUIN 2023 :
George ONSLOW (1784-1853) – Quintette à vent, opus 81
Onslow composa son UNIQUE partition pour quintette à vent, à la fin de sa vie, vers 1850. Dans la production du compositeur, l’opus 81 succède à deux partitions de chambre pour effectif important qui incluaient les instruments du quintette : le Septuor opus 79 (1849) qui requiert une contrebasse et un piano en sus des vents, et le Nonetto opus 77 (1748) dans lequel le groupe de cordes comprend un violon, un alto, un violoncelle et une contrebasse.
Signalons qu’en 1825, Onslow avait déjà composé un Sextuor opus 30 pour flûte, clarinette, cor, basson, contrebasse et piano.
Son Quintette à vent exclut les expérimentations et les audaces harmoniques de ses œuvres pour cordes.
Les 4 mouvements : Allegro non troppo – Scherzo : Energico – Andante sostenuto – Finale : Allegro spirituoso, concis, aux formes classiques, privilégient une écriture fluide et transparente mettant, tour à tour, chaque instrument en valeur.
On y retrouve l’élégance mélodique du compositeur, son relief rythmique grâce au déplacement d’accents (Scherzo) et l’usage des syncopes (Finale), sa propension à une mélancolie voilée (Andante sostenuto)
Onslow dédia l’œuvre à Louis Dorus (flûtiste), Stanislas Verroust (hautbois), Charles Verroust (basson), Adolphe Leroy (clarinette) t Joseph Mengal (cor) : tous éminents musiciens qui participèrent à l’évolution de la facture instrumentale dans la première moitié du XIXe siècle (Dorus imposa notamment le système Boehm au Conservatoire de Paris).
Durée approximative : 23 minutes
Claude DEBUSSY (1862-1918) – Petite Suite
(arr. pour quintette à vent J. Linckelmann)
La Petite Suite est à l’origine composée pour piano à quatre mains entre 1886-1889. Elle a été retranscrite plusieurs fois, en particulier pour orchestre, par un collègue de Debussy, Henri Büsser.
Elle pourrait avoir été écrite à destination de musiciens amateurs doués : en effet, sa simplicité d’exécution est en contraste fort avec le modernisme des œuvres que Debussy écrivait à cette époque.
Debussy composa cette suite en 4 mouvements : En bateau – Cortège – Menuet – Ballet, alors qu’il rentrait d’Italie où il avait séjourné à la villa Médicis de Rome, suite à l’obtention de son Prix de Rome. Il joua cette suite au Conservatoire de Paris en 1889, accompagné de Paul Dukas, obtenant un large succès.
Les deux premiers mouvements s’inspirent de poèmes du recueil Fêtes galantes de Paul Verlaine.
Qu’elle soit donnée dans sa version originale ou dans un de ses nombreux arrangements, cette œuvre fait partie des compositions de Debussy les plus jouées à l’heure actuelle.
Nous écouterons ce soir une transcription de J. Linckelmann pour quintette à vent.
Durée approximative : 13 minutes
Claude DEBUSSY (1862-1918) – Children’s corner
(arr. pour quintette à vent J. Linckelmann)
Il s’agit d’une suite de 6 pièces pour piano seul, composée entre 1906-1908, que Debussy a dédié à sa fille Claude-Emma, alors âgée de 3 ans, surnommée « Chouchou » :
- Doctor Gradus ad Parnassum
- Jimbo’s Lullaby (Berceuse des éléphants)
- Serenade for the Doll (Sérénade à la poupée)
- The Snow is dancing (La neige danse)
- The Little Shepherd (Le Petit Berger)
- Golliwog’s Cake-Walk (La Marche de la poupée de chiffon)
Après la mort de Debussy en 1918, le pianiste Alfred Cortot la jouera en présence de sa fille. Claude-Emma aurait alors déclaré : « Papa s’écoutait davantage… ». Elle suivra son père dans la mort un an plus tard, victime de la diphtérie.
Children’s corner fut créé le 18 décembre 1908 par le pianiste anglais Harold Bauer, devant le Cercle Musical à Paris. Une orchestration en sera faite par André Caplet en 1910.
La première pièce, Doctor Gradus ad Parnassum, est un pastiche de la série d’exercices pour piano Gradus ad Parnassum, composé par Muzio Clementi.
La dernière, Golliwog’s Cake-Walk (cake-walk désigne une danse noire américaine et golliwog une poupée noire en étoffe), est certainement la plus connue de toutes.
Durée approximative : 16 minutes
Francis POULENC (1899-1963) – 3 pièces- (arr. pour quintette à vent de F. Sénia)
Ses 3 Pièces pour piano ont été composées en 1928, vers le début de sa carrière et ont ouvert la voie à des œuvres exceptionnelles pour piano.
En tant que membre des SIX, Poulenc a composé de la musique dans un style contraire à celui de Richard Wagner et des impressionnistes, Claude Debussy et Maurice Ravel.
Ces 3 Pièces se composent donc de 3 mouvements : Pastorale – Hymne – Toccata.
C’est une composition imaginative et évocatrice, plaisante à jouer et à écouter.
Nous entendrons ici une transcription pour quintette à vent de F. Sénia.
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